Les questions liées aux tatouages (tattoo) sont assez fréquentes de la part des nouveaux ou futurs tatoués.
Vous trouverez ici quelques réponses à ces sujets existentiels….
TATOUEUR DERMATOLOGUE
Pour ce qui est des encres, seriez vous pour un réglementation forçant les fabricants à faire apparaître sur le flacons les composants chimiques ?
Bien sûr ! C’est primordial en matière de détatouage de connaître la composition chimique des pigments.
A l’heure actuelle on trouve sur le marché des encres à base de laque. Comme celles utilisées pour les peintures automobiles ! ! ! Vous pouvez imaginer à quel point c’est difficile à enlever !
Certains pigments synthétiques ont une nature chimique complexe avec des métalloïdes difficile à détatouer.
Ce qu’il faudrait c’est connaître la granulation de chaque type d’encre vendue.
La poudre qui sert à faire de l’encre a une taille qui varie de 0.6 microns à 30 microns.
A 0.6 microns, c’est absorbé par les macrophages tout de suite et ça passe dans la circulation sanguine. Donc c’est un tatouage qui ne tiendra pas. Un tatouage qui a des granules de 20 à 30 microns sera beaucoup plus difficile à exploser qu’un tatouage esthétique qui lui, utilise un grain de poudre plus fin… Il n’y a aucune législation à l’heure actuelle sur les pigments. Il faudrait qu’ils aient été testés d’un point de vue allergologique.
De plus, les tatoueurs font bien souvent leurs mélanges eux mêmes. Ils fixent les pigments avec des liants qui peuvent être de la glycérine ou des résines synthétiques. Ca n’a pas du tout la même répercussion sur le tatouage (brillance…) et donc sur le détatouage.
La législation française dit que le tatouage devrait être réservé aux médecins. Puisqu’il est dit que seuls les médecins ont le droit de transpercer la peau. Or, il y a des esthéticiennes, des tatoueurs et des pierceurs qui le font. Il y a un énorme vide juridique qui profite au doute. J’ai été contactée par le ministère de la santé pour ces histoires de pigments. Au ministère ils s’en émeuvent et toute la profession est dans l’attente d’une législation…
Même nous en tant que médecin on ne sait pas forcément ce qu’on injecte !.
Même Jet France qui fournit une grande part de la profession esthétique, ne vous communique pas la liste des composants ?
Bruno va nous dire ” c’est ci ou ça ” mais il n’en connaît pas la nature chimique.
Il nous a donné beaucoup de renseignements sur les pigments et nous travaillons ensemble sur la nature chimique et la granulation des pigments…
… Vous savez dans le commerce vous avez de nombreux fournisseurs d’encre. Vous trouvez des encres à base de minéraux qui peuvent servir à la fabrication de couleurs comme le marron ou le bleu. Vous trouvez des encres à base d’os animal calciné dans l’encre de chine, etc, etc.
Il y avait beaucoup d’allergies fut un temps avec le rouge que l’on trouvait sur le marché. L’alizarine utilisée dans le rouge maintenant est peu allergisante.
Il y a également le vert qui est très allergisant. C’est bien souvent préparé à base de chrome.
Le violet et le jaune sont photo sensibilisants parce qu’ils contiennent du cadmium. Il y a une réaction allergique plus ou moins grande avec le soleil uniquementQuel est votre avis sur toutes ces nouvelles encres qui arrivent comme l’encre phosphorescente qui réagit uniquement à la lumière noire ?
…Autrefois on avait des pigments naturels qui étaient plus des colorants comme l’indigo, l’alizarine, la garance qui étaient utilisés dans l’industrie du textile.
On s’est rendu compte qu’ils ne tenaient pas sous la peau lorsqu’ils étaient appliqués lors de tatouages.
Donc depuis le début du siècle les tatoueurs sont passés à des pigments synthétiques.
Ils sont stabilisés sur des résines. La résine donne de la brillance à la couleur. Pour nous c’est là tout le problème.
Personnellement je n’ai jamais eu affaire à cette encre phospho mais j’imagine ô combien elle risque de réagir au bout de quelques temps et également à quel point elle peut être dure à exploser.
La plupart des pigments synthétiques sont désormais à base d’oxyde de fer. Et quand on parle d’oxydation, c’est surtout en matière de détatouage.
Quand on fait agir un laser pigmentaire dessus, il y a transformation de l’oxyde ferreux en oxyde ferrique. Par exemple un pigment qui est marron clair va devenir noir. Il y a une réaction chimique sous l’effet de la chaleur. D ‘où ce virement de couleur.Pouvez vous nous expliquer ce qu’est le procédé de chromatographie ?
C’est l’étude de la quantification des couleurs.
Votre collègue Jean Luc Levy dit qu’il est plus facile de traiter des encres à base d’oxyde de titane et de manganèse plutôt que d’autres…
Ce n’est pas tout à fait vrai. La molécule de l’oxyde de titane est assez grosse. En revanche il n’y a pas l’oxyréduction que l’on a avec les oxydes de fer. Et la taille de la molécule fait que ce n’est pas du tout facile à détruire.Qu’est ce qu’un bilan histologique ?
On prélève un bout de peau. On appelle ça une biopsie. Donc on prend cette ” carotte ” et on l’observe au microscope. Vous avez une coupe histologique de peau. Vous voyez l’épiderme, le derme et l’hypoderme. On voit ainsi jusqu’où le pigment est installé.
Bien souvent on le retrouve dans le derme superficiel, dans l’hypoderme, autour des vaisseaux. C’est souvent très profond quand le tatouage a été fait à la main.
Que se passe-t-il lorsque quelqu’un vient vous voir après s’être fait tatouer et qu’une couleur l’incommode physiquement ?
Si la personne est allergique à une couleur telle que bien souvent le rouge ou le vert, il faut détatouer ces couleurs. Son terrain allergique peut se croiser avec d’autres produits.
L’idéal est de faire un bilan dermatologique avant de se faire tatouer.
Mais bien souvent on ne sait pas si on est allergique ou non !
Mais il n’y a aucun traitement, aucune crème à appliquer sur une couleur qui gêne. Il faut la détatouer.
Le vitiligo (tâches blanches), est considéré comme une maladie. Vaut-il mieux attendre que celle-ci soit résorbée avant de projeter de se faire un tatouage ?
Dans tous les congrès je dis haut et fort qu’il ne faut pas tatouer un vitiligo pour deux raisons.
Quand on tatoue sur une plaque de vitiligo, les pigments du tatouage virent.
C’est une maladie immunologique. Il y a une réaction immunologique qui se passe. Le tatoueur, en appliquant son tatouage sur une personne atteinte de cette maladie, va déclencher une poussée de vitiligo !