L’histoire du tatouage (tatoo) est très difficile à retracer, car même s’il s’agit d’une pratique ancestrale, on ne peut pas encore la situer avec exactitude dans le temps.
LE TATOUAGE EN POLYNESIE
Le tatouage indiquait souvent une appartenance à un rang social élevé. Il revêtait un caractère symbolique relatif au sacré et au surnaturel, à l’acceptation d’un individu à une communauté (le passage de l’adolescence à l’âge adulte par exemple) et à la fécondité. Il pouvait être réservé à des héros, souvent guerriers particulièrement valeureux. Le tatouage était toujours valorisant pour la personne qui était apte à recevoir ce privilège.
Celui ou celle qui en était recouvert se distinguait donc facilement grâce à cette forme d’ornement du corps. Ainsi le corps pouvait être recouvert presque entièrement.
Les motifs utilisés de façon symbolique faisaient souvent référence aux éléments naturels ( soleil, lune, végétation, animaux, points cardinaux, comètes, figures humaines) ou à de simples figures géométriques ; ils pouvaient également évoquer la vie sociale : les combats, les armes de guerre, les sacrifices humains. Selon la tradition, les hommes étaient abondamment tatoués, alors que les femmes préféraient des tatouages plus localisés intéressant les parties charnues de leur personne.
Traditionnellement, le tatouage était réservé aux classes supérieures. Cette pratique était liée au désir de renforcer le pouvoir de la fécondité, les liens avec le surnaturel, et plus que tout, cela revêtait un caractère sacré.
Hommes et femmes portaient des tatouages sur diverses parties du corps ; la différenciation sociale était soulignée par des signes correspondant à chaque classe sociale, sous le contrôle vigilant des chefs : quand un initié se voyait reconnaître de nouveaux mérites, il pouvait ajouter de nouveaux tatouages au précédents. Les femmes étaient moins ornées, mais les dessins étaient plus élégants et mieux exécutés parce qu’ils étaient considérés comme une parure.
En revanche les hommes avaient souvent tout le corps couvert de tatouages. Seul le visage était respecté, à l’exception de quelques guerriers ou prêtres qui portaient parfois un emblème particulier sur le front et les lèvres.
Chez les Marquisiens, il recouvrait entièrement le corps et la face. Les femmes étaient tatouées sur les hanches et sur les fesses, avec quelques motifs sur les mains et les chevilles. Dans les îles de la Société, les motifs se limitaient à la partie inférieure du corps, et chez les femmes aux poignets et aux jambes.
Il existait une incroyable variété de motifs. Les chefs pouvaient avoir une multitude de tatouages sur leur corps et ceux-ci pouvaient évoquer une entreprise guerrière ou un événement important.
Il existe plusieurs types de tatouage : les tatouages destinés aux dieux, aux prêtres et aux chefs, héréditaires et réservés à leurs descendants ; les tatouages de type Hui A ri’i , Arioi’i , réservé aux chefs (hommes et femmes) ; les tatouages de type Hui To’a , Hui Ra’atira , To’ai , pour les chefs de guerre, les guerriers, les danseurs, les rameurs, etc. ; le type Manahune , pour les personnes sans généalogie ou sans ascendance héréditaire notable.
Le tatouage a rapidement disparu avec l’arrivée des missionnaires. Les différents motifs et planches de personnages tatoués et autres relevés nous sont parvenus grâce notamment au peintre anglais Sydney Parkinson et à l’allemand Von Den Steiner. Aujour’hui le tatouage connait un renouveau notoire dans la société polynésienne
Cette opération s’avérait très douloureuse mais supportable. La cérémonie du tatouage était un véritable rite, au son des tambours, des flûtes et des toere , car la musique occupait une place de choix.
Le prêtre tatoueur jouissait d’un grand prestige dans la société polynésienne. Il employait pour son art, quelques instruments. Les teintures étaient d’origine végétale préparées à partir de fruits ou d’écorces brûlées mélangées à de l’eau.
Il disposait de deux instruments : un poinçon ou une sorte de peigne et un petit bâton. Le poinçon consistait en un manche de bois auquel était fixé soit un os d’oiseau, soit un morceau de nacre, soit des dents de poisson, de porc, de requin, de baleine, soit même des dents humaines égrisées avec soin ; et pouvait avoir jusqu’à 36 dents. Pour faire pénétrer ce premier instrument sous la peau, le prêtre tatoueur disposait d’un second ustensile, un bâtonner, sorte de petit marteau à l’aide duquel il faisait pénétrer le poinçon en le frappant.
La peinture utilisée, d’un noir très accusé, est tirée de la noix du “bancoule Tiairi” brûlée et pulvérisée. On mélangeait la poudre à de l’eau où à du monoi ; la teinture, injectée sous la peau, prenait une couleur bleuâtre absolument indélébile. Pour cicatriser les plaies, on utilisait une plante odoriférante, l’ Ahi tutu .
Le prêtre tatoueur disposait d’un vaste éventail de modèles. Le choix des dessins était très délicat et on procédait avec le plus grand soin. Il dessinait le motif sur le corps à l’aide d’un bâtonner de charbon de bois ; il travaillait souvent à main levée, puis, avec ses instruments, il pratiquait l’incision dans laquelle il injectait la substance colorante. Le prêtre tatoueur est considéré comme un détenteur privilégié d’une science à transmettre fidèlement aux générations futures.