Le Tatouage fait depuis longtemps l’objet de controverses chez les professionnels de la santé.
Tatouage sur-mesure : place à l’imagination…
Par centaines, par milliers, ils poussent chaque année la porte des tatoueurs. Parfois avec une envie très forte mêlée de crainte et d’appréhension mais toujours avec la volonté d’imprimer sur leur corps des marques de leur personnalité. Petit voyage dans le salon de tatoueurs qui ont pour leur métier une vraie passion…Poussée la porte d’un atelier de tatouage, on se trouve immédiatement happé par des images colorées, allant du graphisme géométrique aux sujets figuratifs évocateurs, voire oniriques : portraits ou figures de personnages mythiques, motifs animaliers, quand ce ne sont pas des paysages entiers…
Autant de tatouages et de styles que de tatoueurs
Vincent, dont l’atelier se niche à Rambouillet, explique son approche de ce qui fut pour lui, au départ, une volonté de traduire le rêve des gens en dessinant sur leur peau, mais aussi un goût du voyage et la satisfaction de rencontrer des tatoueurs avec lesquels il a pu avoir des échanges très fructueux. Il se souvient de sa passion naissante pour le tatouage et de sa demande auprès d’un tatoueur chevronné :
“Apprends-moi à tatouer.
Deviens tatoueur paris, après, on verra !”, fut la réponse.
Epreuve incontournable. Vincent raconte. “Après avoir été à Amsterdam pour me constituer ma panoplie de tatoueur, j’ai commencé à tatouer l’une de mes jambes, mais aussi une poule et même une peau de cochon ! Et me sentant plus sûr de moi, je me suis lancé auprès d’un public de touristes, dans les îles grecques. La première personne que j’ai tatouée, et bien que je n’ai pas été très satisfait de mon travail, a été emballée. Ses amis ont apprécié et je me suis mis à faire pour eux des petits motifs de style tribal, assez décoratifs. Plus je tatouais, plus je progressais et j’en éprouvais une certaine fierté. C’est devenu une passion”.
Vincent se dit “interlocuteur” plutôt qu’exécutant des désirs de ses clients. Il décourage ceux qui veulent des motifs très banals, dauphin ou autre palmier… Des jeunes, entre 15 et 25 ans, subissent l’effet de mode et Vincent les entraînent vers plus d’authenticité. Mais il doit freiner les mineurs (ils doivent avoir l’autorisation de leurs parents) qui rêvent de se faire tatouer partout sans craindre l’aiguille sur leur peau.
Philippine, à fleur de peau
A deux enjambées du Moulin de la Galette, Philippine, graphiste de formation, reçoit les futurs tatoués dans un charmant atelier montmartrois. Elle accueille sa clientèle dans une sorte de salon qui n’évoque pas immédiatement sa profession. Sa bibliothèque qui sera source d’inspiration pour les personnes qui viennent se faire tatouer et des fauteuils de cuir invitent à la pause. C’est dans une pièce plus intime, où trône un grand miroir, un divan clinique et à l’abri des regards, que Philippine officie.
Il faut rassurer, être à l’écoute et proposer le graphisme ou symbole ou encore motif qui correspond à chaque candidat au tatouage. Philippine commence souvent par dessiner avec des feutres sur le corps de son client, à l’endroit qu’il désigne avec détermination. C’est une façon d’aborder en douceur le marquage définitif, qui parfois fait peur. Philippine montre ses outils et toutes les précautions qu’elle prend pour éviter tout risque d’infection (aiguilles à usage unique, stérilisation des buses ou embouts). Puis elle explique qu’elle “dessine à fleur de peau” et que la sensation produite par l’aiguille ressemble plus à un picotement accompagné d’une impression d’échauffement qu’à une douleur proprement dite.
Du reste, tous les tatoueurs sont d’accord là-dessus, le tatouage fait plus de peur que de mal. Lorsque l’appréhension est la plus forte, la personne tatouée se contracte, sa respiration devient plus courte et ce n’est pas agréable. Tout au contraire, lorsque la confiance et la détente sont au rendez-vous, tout se passe bien. Elle étudie “la cosmogonie unique du corps de chacun”.
Le tatoueur peut dessiner sur le corps de son client avec sérénité. Mais parce que certaines personnes se crispent ou bien s’essoufflent, des petites pauses sont bienvenues.
La peau des femmes…
Vincent avoue qu’il préfère la peau des femmes, plus fine. Il dit se servir de son “pistolet” (machine O’Reilly à tatouer) comme d’un crayon. Son aiguille s’enfonce d’un millimètre dans l’épiderme, et, ensuite, il colorie avec des pigments naturels et des encres (qui réclament des certificats d’authenticité). Il trouve les tatouages monochromes plus stables. Philippine, elle, aime proposer des dégradés de noir, gris… Surtout, si elle crée des graphismes polynésiens, du genre dentelle, arabesque…
Un tatoueur digne de ce nom s’applique à faire connaître à son client les problèmes techniques qu’il rencontre s’il tatoue aux endroits où la chair est rare, car c’est plus délicat pour le tatoueur, plus sensible pour le tatoué. La peau résiste toujours, mais selon ses caractéristiques – peau grasse, peau sèche, peau pigmentée – le tatoueur pique en connaisseur. Outre les qualités de la peau à tatouer, l’artiste tatoueur fait savoir à la personne qui met son corps à sa disposition, qu’il faut harmoniser les proportions du corps et les motifs tatoués. La peau, par son élasticité même, fait vivre les graphismes et les modifie au fil des prises de poids, grossesses, amaigrissements, musculation, vieillissement…
Petit à petit
La première demande de tatouage se traduit généralement par un petit motif. C’est à la seconde expérience que le tatoué s’enhardit. Certains se lancent dans de très grands motifs (customs) qui ne peuvent être exécutés en une seule fois. C’est dans ce “grand projet” que la complicité s’installe : conscient de n’être qu’un intermédiaire, le tatoueur met tout son savoir-faire au service du désir de son client. Mais parce qu’il sait que la personne tatouée portera sa marque à jamais, il n’a de cesse d’affiner son style. Ainsi, tatoueur et tatoué sont singulièrement partenaires.
La population qui s’adresse à un tatoueur est très diversifiée : adolescents, les 25/35 ans qui ont la volonté d’imprimer sur leur corps les marques de leur personnalité, les personnes en pleine maturité, peu du troisième âge. Il y a ceux qui s’approprient réellement leur corps en dessinant des symboles ou des tableaux sur leur peau par désir de séduction, pour s’embellir, mais aussi, dans certains cas, pour cacher une cicatrice, un défaut, un ancien tatouage qui a perdu sa signification ; chez quelques individus, le tatouage est comme une renaissance, une métamorphose. Pour certains encore, il s’agit de la quête d’une sacralité perdue.
La fonction érotique du tatouage n’est pas nécessairement avouée, mais elle se trahit par le choix des zones tatouées : ligne des seins, nuque, fesses, près du sexe, ventre, cuisses, verge…
Le tatoueur accueille une histoire, il s’en fait l’interprète, puis laisse la personne tatouée repartir avec. Chacun doit rester sur son propre territoire. Philippine parle de certains transferts qui ont lieu. Lorsqu’elle tatoue le sexe, c’est complexe. Elle doit être vigilante.
Vincent accepte de tatouer une femme en présence du petit ami de cette dernière. Il avoue que c’est alors plus facile, la personne tatouée s’abandonne plus volontiers au tatouage. Se déshabiller n’est pas toujours facile, la nudité est pourtant l’acte premier pour les grands tatouages ou pour les tatouages “secrets”.
Philippine avoue : “Mes tatouages, c’est ma galerie perso”. L’insolite est de la partie. Ne voit-elle pas venir dans son atelier des légionnaires, des gens atteints du sida et qui se font tatouer leur numéro de sécurité sociale ?
Le tatouage devient étendard.
Tatouage Paris Kustom