Le tatouage, qui est un signe visible inscrit sous la peau grâce à l’injection d’une matière colorée dans le derme, est une pratique ancienne dont la généralisation dans une société moderne comme la France d’aujourd’hui amène à se poser des questions. Car l’évolution moderne de cette pratique étonne par l’engouement quelle provoque de puis peu chez les jeunes générations. En effet de plus en plus d’individus de tous milieux y ont recours et ne s’explique pas toujours eux même la signification de leur geste. Que les motifs d’en arriver au tatouage soient à priori esthétiques ou encore chargés d’un symbolisme personnel fort, ils ne sont que rarement les mêmes entre deux tatoués et ne permettent pas de concentrer une étude de ce phénomène à notre époque comme celui d’un groupe particulier. Un cadre et un charcutier peuvent très bien se faire tatouer le même dessin maori sans pour autant avoir une culture commune d’appartenance. Le tatouage perd alors son âme communautaire que l’on retrouvait au japon ou chez les Maoris comme symbole de courage chez les grands guerriers et les samouraïs. Pour autant est-il seulement un acte personnel ? Le symbole social du tatouage invite à tenter de comprendre les raisons pour lesquelles des hommes très différents mais aussi des femmes se plie à un même exercice d’apposition d’une marque sur leur corps.
Car la particularité du tatouage, ce qui le différencie d’un simple changement esthétique comme une nouvelle couleur de cheveux par exemple, c’est son caractère inaltérable, il est impossible de revenir en arrière ce qui, nous le verrons plus tard est aussi source de déception ou de douleur. Mais le tatouage voulu est donc un acte réfléchi, a fort caractère social, car la première chose que nous donnons à voir au reste du monde, aux gens qui nous entourent et ne nous connaissent pas forcément, c’est bien notre corps. Cette façon de marquer le corps est vu différemment selon les individus qui s’y prêtent et, certains n’y voient que pure valeur esthétique, d’autres un profond symbole de leur personnalité et parfois de leur attachement à un groupe ou à une culture. A la différence d’un vêtement cependant la marque de cette appartenance est indélébile et ne peut que difficilement, car on peut toujours effacer ou recouvrir un tatouage mais ce n’est pas sans risque, être enlevée. Alors qu’est-ce qui pousse autant de personnalités différentes à prendre une même décision, ce passage à l’acte qui se fait par la douleur ? Si l’acte possède des retombées sur le social par le biais de l’objet symbolique qu’est le corps, il se peut qu’il provienne d’un besoin social, qu’il soit de se distinguer ou de se rapprocher des autres. Le groupe des nombreux tatoués est-il homogène ? Ce n’est vraisemblablement pas le cas et pourtant ils sont de plus en plus nombreux depuis prés de 30 ans à se faire tatouer. Le même acte pour des raisons différentes en apparence.
La particularité du tatouage c’est donc d’effectuer un acte personnel qui va prendre tout son sens, dans la confrontation avec autrui, car dans beaucoup de cas le tatouage est exhibé et s’il ne l’est pas il ne peut être caché toujours pas la personne. Le corps est un élément important de la construction des individus, qu’elle soit personnelle ou sociale. Aujourd’hui on assiste de plus en plus à un besoin social de mise en valeur du corps humain qui se reflète dans les médias, la publicité ou encore les nouvelles pratiques sociales qui mettent en jeu une volonté de modifier son apparence ou de «l’améliorer ». Au-delà des marques corporelles, l’essor de la diététique, des gymnastiques de toute sorte, de la chirurgie esthétique, des cosmétiques ou encore le body art, montre bien que le corps dans les sociétés modernes soit devenu presque extérieur à l’individu, représentant de soi même et affirmation personnelle plus marquant que l’affirmation de ses opinions dan notre société. Se contenter simplement de son propre corps ne suffit plu, il faut le « personnaliser » un peu plus, le rendre conforme à ce que l’individu pense être. Le recours de plus en plus fréquent et de moins en moins marginalisé du tatouage montre aussi le changement moderne de la relation au corps, de même que des pratiques telles que le piercing ( percement de la peau pour y mettre une pièce telle qu’un bijou), le stretching ( élargissement du piercing pour y mettre une pièce plus volumineuse), le cutting ou scarifications ou encore le peeling (on enlève des surfaces de peau).
Ces usages ne sont plus aujourd’hui aussi associés à des valeurs négatives comme le tatouage l’a été pendant longtemps et on remarque une volonté d’aller toujours plus loin dans des transformations qui dépassent le simple motif tatoué, les implants sous la peau remplissent aujourd’hui l’office ancien du tatouage pour ceux qui veulent innover ou encore choquer leurs semblables. Car le tatouage est aujourd’hui accepté par une large majorité des populations en Europe et dans les pays ou il est apparu pourtant au départ comme un signe distinctif à forte connotation négative.
Le changement de valeur des modifications corporelle est pourtant important dans nos sociétés, car si anciennement elles étaient la volonté d’affirmer une singularité radicale et de choquer, aujourd’hui ce ne sont d’abord pas seulement les milieux populaires ou marginaux qui sont touchés par le phénomène du marquage corporel mais des personnes de tous milieux sociaux et culturels et même de tous les âges. Les hommes et les femmes sont aujourd’hui touchés par le phénomène de la même façon. On remarque alors qu’on ne peut plus vraiment classer ces marques d’appartenance comme provenant d’un effet de mode car elles s’insèrent aujourd’hui véritablement dans la société, ne choquant plu réellement la majorité des individus et s’incarnant même dans de nouveau procédés de séduction. L e phénomène apparaît comme culturel et étendu largement dans la société moderne. On n’est plus étonné de voir apparaître un nouveau studio de tatouage dans un centre ville et de plus en plus un peu partout dans les petites villes et banlieues car cette culture a été acceptée et par presque toutes les générations (les plus anciennes font peut-être figures d’exceptions mais se sont habituées aussi avec la couverture par les médias à ces nouvelles tendances). Ces dix dernières années ont vu les anciens stéréotypes du tatoué quasiment disparaître après s’être estompées pendant l’arrivée de la modernité dans nos sociétés. On assimile plus le tatoué à un criminel, un ancien forçat, un ouvrier, un militaire ou un marin, des couches populaires de la société qui affichaient une virilité agressive. On peut alors se demander pourquoi ce phénomène a-t-il pris une telle ampleur et quelle en est la signification tant sur le plan individuel que social.
Dans la première partie de ce mémoire il est nécessaire de retracer un historique partiel de la culture du tatouage est de son arrivée en Europe afin de comprendre tout d’abord d’où proviennent les anciens stéréotypes que les Européens avaient assimilés sur le tatouage au début du XXème siècle, puis quelle était la signification du tatouage dans les premières sociétés où il fut inventé et pratiqué ce qui nous permettra de comprendre une partie de la signification du tatouage pratiqué par les sociétés modernes. Et nous verrons que l’histoire n’a pas apporté qu’une image positive du tatouage en matière d’identification de l’individu.
Dans cette même partie, on procèdera à une étude des différentes sortes de tatouages pratiqués le plus couramment et de ses significations.
La seconde partie de ce travail sur le tatouage présente en deux axes d’études la problématique du tatouage, nous verrons d’abord le tatouage comme distinction a travers la marque corporelle de la société et des autres individus, et dans ce chapitre nous verrons plus en détail le problème de la douleur et son importance dans le processus du marquage tégumentaire. Enfin une dernière partie abordera les caractéristiques du fait de se faire tatouer comme forme d’un nouveau moyen de communication, de rassemblement et l’utilité sociale en matire de reconnaissance de soi du tatouage, qui permet alors de se permettre d’aller vers les autres lorsque l’on a pris possession de son propre corps et donc d’une partie de son identité. Il est ici important de comprendre que la société actuelle mettant beaucoup plus l’accent sur l’importance du corps dans la reconnaissance de l’autre et de sa personnalité, la ré appropriation de son propre corps afin de lui donner un sens est devenu presque obligatoire dans nos sociétés modernes.
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