L’histoire du tatouage maori (tattoo) est très difficile à retracer, car même s’il s’agit d’une pratique ancestrale, on ne peut pas encore la situer avec exactitude dans le temps.
Séance de tatouage Maori
Le mot tatouage provient de tatau (Samoa). Cette pratique, répandue à travers l’Océanie, s’effectue à l’aide d’instruments originellement confectionnés à partir d’ossements humains (reliques) ou de bambous effilés (îles Salomon). On en taillait une extrémité en forme d’aiguille et biseautait l’autre. Un mélange d’eau et de charbon faisait office de colorant dermique. À la manière des oiseaux mâles au plumage flamboyant, les hommes auraient entrepris le marquage et l’ornementation corporels avant les femmes, principalement pour les séduire.
Chaque tatouage est unique. Il varie selon l’âge, le rang social et le sexe de l’individu. Il témoigne du prestige social, clanique et magique de la personne. Comme les parures corporelles et les scarifications, le tatouage marque la singularité de la personne (moi). D’ailleurs, on ne tatoue et n’ornemente que les parties apparentes du corps : autrefois, les Polynésiens des îles tropicales se vêtaient peu et se tatouaient le corps, mais une fois arrivés en Nouvelle-Zélande, au climat plus froid, ils se sont couverts de vêtements et ont concentré leurs tatouages au visage.
En Mélanésie, Polynésie et Micronésie, les formes de prédilection sont les courbes, les cercles concentriques et les spirales, les lignes accompagnées de points, de soleils et d’étoiles. Les cercles concentriques semblent être apparus plus tard dans l’histoire du tatouage et révéler une période dite décadente dans l’art océanien, car les cercles issus des spirales demeurent des figures fermées sans possibilité de générer de nouveaux motifs. Ces mêmes formes se retrouvent fréquemment sur les sculptures de maisons, masques, statues, tablettes votives et proues de pirogues. Elles soulignent quelquefois des traits du visage et peuvent aussi couvrir le corps entier, comme c’est le cas aux îles Marquises.
Le tatouage des guerriers les couvre de la taille aux genoux. La réalisation d’une telle œuvre nécessite de deux à trois mois, période pendant laquelle le tatoué devra tolérer des souffrances considérables, démontrant ainsi sa bravoure. L’exercice du tatouage accompagnait autrefois les rites d’initiation. Les premières menstruations, la puberté et le mariage étaient des moments où on marquait le corps des symboles correspondants, pour souligner l’évolution de l’individu et la soumission à de nouveaux tabous.
Traditionnellement chez les Maoris, les têtes des ennemis étaient conservées tels des trophées, selon des techniques de séchage et de fumage, puis ornées de tatouages, ce qui accentuait leur valeur. Les premiers explorateurs ont d’ailleurs valorisé cette forme d’art en achetant à prix fort ces objets qui suscitèrent chez eux la controverse. Ce commerce a entraîné la recrudescence de la chasse aux têtes, autrefois pratiquée à des fins d’offrandes ou de guerres rituelles.
Les Marquisiens ont donné au tatouage une fonction esthétique et porté cet art à son apogée. Ils maintiennent l’unicité de chaque œuvre et complexifient les motifs anciens, sculptés sur les tikis, statuettes représentant des ancêtres. Ces signes élaborés, tous nommés, auraient pu mener au développement d’une écriture, n’eût été l’arrivée des Européens qui imposèrent une nouvelle orientation culturelle aux peuples insulaires. Contrairement aux Marquisiens, les Maoris ne se sont pas inspirés des symboles du tiki dans le développement de leur art du tatouage, leurs ouvrages étant dépourvus de connotations mythologiques. Par contre, le raffinement esthétique et technique de leurs instruments de travail confirme la valeur qu’ils accordaient à la réalisation de ces ornements.
Aujourd’hui les tatoués sont moins nombreux en Océanie et les tatouages répondent à de nouvelles motivations. Les motifs anciens, curvilinéaires, n’en demeurent pas moins omniprésents dans l’art visuel océanien contemporain. En Nouvelle-Zélande et aux îles de la Société, le tatouage constitue à présent l’une des pratiques artistiques les plus développées.
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