LES ORIGINES DU TATOUAGE SACRÉ
À L’ORIGINE
En temps de guerre en Asie du Sud Est, on ne considérait pas que la protection physique d’une armure. D’une part car il faisait bien trop chaud pour envisager une cotte de maille massive comme ça pouvait être le cas en Europe, car les armes étaient plus légères et demandaient plus de mobilités.
On comptait aussi et surtout sur la protection divine et spirituelle et celle ci se concrétisait forcément par un tatouage.
Hormis le cadre guerrier, le tatouage traditionnel (Sak Yant) qu’on retrouve en Thailande, au Cambodge, en Birmanie ou au Laos représente toujours un dieu de la mythologie hindou, qu’on choisi en fonction des bénéfices qu’on veut en tirer. Selon d’autres sources ces tatouages auraient été ramenés par des brahmanes d’Inde pour exporter l’hindouisme.
Le Sak Yant thaïlandais est plus populaire, mais il est en fait apparu dans l’empire Khmer (il y a environ 3000 ans): il reprends des symboles bouddhistes qui donnent différents types de bénéfices (force, richesse, santé etc). Qui repousse également les dangers et autres mauvais présages.
Leurs pouvoir de protection étaient d’abord réservés aux bonzes, et ils se sont ensuite répandus chez les soldats.
LE RITUEL
A mi chemin entre bouddhisme, brahmanisme et également animisme. Il commence ainsi par un chant et une prière récitée en Pali.
Selon la tradition, les tatouages les plus puissants sont placés le plus près possible de la tête: c’est du coup pour ça qu’on en trouve très très peu sur les jambes.
Une fois le tatouage achevé, des mantras l’activent (des prières) récitées en Pali. Dans mon cas, il était nécessaire de revenir lundi pour le faire.
Pour faire le tatouage, on utilise soit le Sak Mai (il s’agit du bambou tel quel, taillé) ou le Sak Khem, la version plus moderne en métal.
LES AJAHN
Dans le bouddhisme Theravada, les Ajahn sont des bonzes ayant passé au moins 10 Vassa: il s’agit de retraites spirituelles durant trois mois chacune, généralement de Juillet à Octobre, dédiées à la méditation. Une année passée en tant que bonze se concrétise généralement par le nombre de Vassa effectué.
TYPES DE TATOUAGES SACRÉS ET SIGNIFICATIONS
Un tatouage sacré comporte toujours des Yants (des prières écrites en Pali, Khmer ou Thai) et des Ounalom (les pointes en haut du tatouage) qui les transmettent au Nirvana.
Voici les principaux types de tatouages, avec une brève explication (le sujet est vraiment dense et complexe, des livres entiers ont été écrits sur le sujet).
TYPES ET SIGNIFICATIONS
Le tatouage aux 5 lignes: il s’agit du plus traditionnel, popularisé d’ailleurs par Angelina Jolie.
Sa signification peut varier selon les Ajarn, mais on a généralement:
– 1 ligne : Protection et purification du domicile, elle éloigne les ennemis.
– 2 ligne : Eloigne le mauvais sort ainsi que le mauvais karma
– 3 ligne : Protection contre la malédiction et la magie noire
– 4 ligne : Donne succès, fortune et chance. octroie la chance, la fortune et le succès dans les projets, « Où que tu ailles, nombreux seront ceux qui t’assisteront, te serviront et te protègeront. »
– 5 ligne : Pouvoir d’attraction: elle rend séduisant et consolide les ligne 3 et 4.
Un des premiers tatouages portés par les bonzes: les bouddhas représentent les passages de Bouddha sur Terre, le contour est le cordon ombilical de Buddha et les spirales (qu’on appelle Unalom) envoie les prières du tatouage au Nirvana. Il donne chance et protection en protègeant contre les attaques et les malédictions. Tout y est écrit en Pali (un cousin du Sanskrit utilisé pour les prières bouddhistes).
Garuda
Le dieu mi-homme mi-oiseau, il s’apparente effectivement en Thaïlande de près à la royauté et au pouvoir.
Hanuman
Une des principales divinités combattantes hindoues: elle apporte la victoire à la guerre, et dans la vie quotidienne de la force, du succès au travail et une protection pour les boxeurs.
Les tigres
Un des tatouages d’animaux les plus connus: il est là pour inspirer la force et chasser la peur et les doutes.
LES RÈGLES BASIQUES
Pour recevoir un tatouage sacré, il faut respecter quelques règles basiques (un peu comme les dix commandements). Chaque tatouage a ensuite son propre ensemble de règles à respecter.
-1 : ne pas tuer (classique)
-2 : ne pas voler (toujours familier)
-3 : ne pas tromper son époux/épouse ou pratiquer l’adultère
-4 : ne pas s’intoxiquer (alcool, drogues etc)
-5 : ne pas mentir
Beaucoup de ses règles préservent donc la pureté et le pouvoir du tatouage.
A la réception du tatouage, un Ajarn peut très bien refuser de commencer s’il sent que vous ne prenez pas la cérémonie au sérieux