Les tatouages et piercings font depuis longtemps l’objet de controverses chez les professionnels de la santé.
Tatouer (ainsi que tous les actes de modification corporelle) est devenu une pratique à la mode… Un nombre croissant de gens plus ou moins bien intentionnés souhaitent se lancer dans ce secteur d’activité.
Cependant, ce type d’acte n’est pas anodin. Il demande une grande maîtrise technique et artistique, et n’est pas sans risque, notamment au niveau de la santé. C’est pourquoi une bonne formation est nécessaire. Ce qui n’est pas chose facile à trouver… Aussi ces quelques suggestions pourront-elles aider les plus consciencieux et les plus talentueux dans leur démarche et serviront peut-être à décourager les moins motivés et les plus
“intéressés”…
COMPÉTENCES PERSONNELLES
Lorsque vous tatouez un(e) client(e), vous engagez votre responsabilité envers cette personne notamment au niveau de sa santé.
Ce type d’acte, s’il est mal effectué, ou dans de mauvaises conditions, peut entraîner la transmission de germes, en particulier de virus des hépatites B et C, et également du virus du sida. L’infection peut passer -principalement- de client à client par le biais des instruments, mais aussi du professionnel vers le client et enfin du client vers le professionnel en cas de piqûre accidentelle. Au-delà de cet aspect sanitaire, des compétences artistiques et une grande dextérité technique sont des conditions essentielles à toute ambition
intradermique. Si vous pensez correspondre au “profil”, votre projet demandera une grande dose de motivation, de patience et de modestie. Avoir un bon contact social peut être un atout, mais n’est pas indispensable.
AVANT DE SE FORMER
Lisez un maximum d’ouvrages et de revues sur le tatouage afin de vous imprégner de sa culture. Assimilez les différents “styles” et les travaux des professionnels reconnus. Visitez un maximum de studios et de conventions. Découvrez le matériel. Informez-vous un maximum sur tout ce qui a trait à l’hygiène et aux maladies transmissibles. Des ouvrages “spécifiques” sont proposés par certains fabricants de matériels et/ou des tatoueurs. Leurs titres (ex : “Tattoo Manual”, “Tattooing A to Z”) sont prometteurs, mais leur contenu ne peut représenter qu’un éventuel complément à l’apprentissage décrit ci-dessous, ou une aide au perfectionnement d’une personne qui exerce déjà. En aucun cas ils ne peuvent constituer un manuel d’apprentissage.
SE FORMER
Il n’existe aucun cours agréé par l’Etat, en France ou ailleurs, à ce jour. Ce qui implique que, pour toute formation proposée, vous n’avez aucune garantie sur la qualité du cours, les capacités artistiques, médicales et pédagogiques du formateur, ni sur son sérieux. C’est donc à vous qu’il revient de bien choisir.
Les écoles :
La demande explosant, quelques studios et “écoles” ont eu l’idée lucrative de proposer des formations… qui relèvent plus d’un simple stage d’initiation que d’un véritable apprentissage. Elles proposent bien souvent des cours dispensés sur une très courte durée (de 3 à 20 jours) à des prix relativement élevés (100 à 300 euros la journée). Elles font généralement miroiter un avenir tout tracé, dans un “secteur en plein essor”… mais cependant déjà bien saturé.
Ce genre d’écoles est à fuir. Par ailleurs, se présenter auprès d’un professionnel avec un tel “cursus” risque de vous décrédibiliser définitivement.
En résumé : un bien mauvais départ !
Il existe peut-être des écoles “valables”, mais rarissimes si c’est le cas !
En autodidacte :
C’est la voie la plus courante, faute de formation “officielle” disponible. De nombreux tatoueurs aujourd’hui reconnus ont commencé de cette manière.
Cependant, elle n’est pas à conseiller, car on travaille généralement avec du matériel incomplet, mal choisi, de qualité médiocre. On attire à son domicile une clientèle pas toujours des plus agréables, et les conditions d’hygiène sont souvent désastreuses. Les “cobayes” sont exposés non seulement à un encrage minable, voire à un véritable charcutage… De plus, vous manquerez de recul sur vos propres travaux : A moins d’avoir la chance de bénéficier des rares conseils de professionnels, vous risquez de répéter des “erreurs” pendant des années, avant de constater le mauvais vieillissement de certains de vos tatouages…
L’apprentissage chez un professionnel :
C’est la solution la plus appropriée pour assimiler le métier. Vous aurez l’opportunité, outre de recevoir la formation, d’observer le(s) professionnel(s) au travail, de relever les spécificités techniques, et les erreurs à ne pas commettre. Vous serez déjà en contact avec la clientèle, et apprendrez à l’accueillir, l’écouter, l’informer, la conseiller, etc. Vous aurez l’avantage d’examiner les travaux réalisés il y a plusieurs années par votre “maître”, et ainsi de mesurer l’évolution de ces tatouages, afin d’éviter les erreurs que vous ne pourriez appréhender en travaillant seul. Vous aurez par ailleurs un matériel pro (très coûteux) à disposition et vos gestes seront guidés, surveillés, commentés, corrigés. Enfin, vous aurez peut-être l’occasion aussi de rencontrer toutes sortes d’imprévus (malaise, peau spécifique, allergies, etc.) que vous pourrez ainsi apprendre à gérer. Notez cependant qu’il vous faudra une grande dose de motivation, de patience, et de modestie dans votre quête du “maître”. En effet, les tatoueurs ne livrent leurs “secrets” qu’à quelques initiés, et les demandeurs sont nombreux..
PROSPECTER UN (des) TATOUEUR(s)
Que vous répondiez à une petite annonce ou que vous tentiez la “candidature spontanée”, commencez par préparer un book qui comportera vos meilleurs dessins et esquisses : la qualité de son contenu primera sur la quantité de croquis présentés. Peu importe sa présentation (cartons à dessins, cahier à pochettes, carnet de dessins, etc.) et son format (éventez cependant les post-it) : l’essentiel est de choisir soigneusement ce qui reflète le mieux vos compétences artistiques et, éventuellement, les thématiques qui vous inspirent le plus. Armé de ce splendide book, tentez d’établir un contact régulier avec un professionnel sérieux, si vous pensez que l’importance de sa clientèle peut justifier la présence d’un apprenti supplémentaire. Exposez toutes les connaissances dont vous disposez et qui peuvent être utiles pour le poste convoité : cursus artistique, pratique dans des domaines créatifs, expériences professionnelles ou personnelles qui dénotent une aisance manuelle, qualifications en hygiène, etc. Montrez votre intérêt pour le métier et les réalisations de la personne que vous sollicitez. Proposez éventuellement de rendre service… Bref, vendez-vous ! (Attention quand même à ne pas verser dans le cirage de pompes).Revenez régulièrement, créez une relation amicale, mais ne vous imposez pas, restez discret. Ces efforts amèneront peut-être le tatoueur à vous proposer un apprentissage sans que vous ayez à le demander. Dans le cas
contraire, tentez la proposition vous-même.. mais gardez toujours à l’esprit que le risque de désillusion est grand !
À éviter absolument :
Débouler comme un inconnu et demander une formation, un engagement, comme ça, sans prévenir ; Déposer des messages sur les forums en ligne, et/ou par e-mail, sans une explication claire de vos motivations et capacités. Vous rencontrerez probablement des réactions sarcastiques, antipathiques, voire agressives des tatoueurs auxquels vous vous adresserez. Si elle peut parfois découler du caractère naturellement désagréable de certains d’entre eux, de leur mauvaise humeur, ou encore d’un protectionnisme exagéré, vous devez prendre conscience que les professionnels sont régulièrement sollicités par des personnes dont le niveau en dessin est largement insuffisant, et attirées par le métier sans conscience de ce qu’il implique.
Beaucoup de jeunes sont notamment fascinés par l’idée de liberté de pouvoir s’habiller comme ils veulent, de faire ce qu’ils veulent… Le tatouage est également un art “en vogue” et perçu comme une activité “cool” qui permet de gagner beaucoup d’argent… La réalité est toute autre, et ce type d’attitude crée un ras-le-bol général au sein de la profession.
LES BASES À ACQUÉRIR
En principe, un tatoueur consciencieux devrait au minimum vous initier sur les points suivants :
> Reconnaissance des lieux, du matériel et de son fonctionnement ;
> Préparation du matériel, connaissance de tous les aspects concernant l’hygiène ;
> Assimilations des différentes techniques de bases, des techniques graphiques, et des styles par une observation assidue ;
> Pratique, sur des travaux simples et rapides, puis progressivement vers des travaux plus complexes, toujours sous la surveillance de votre formateur, qui vous livrera à vous-même seulement lorsqu’il jugera que vous êtes enfin “prêt”.
Dès lors, un long chemin reste à parcourir pour se diriger vers la “maturité”. Seule l’expérience donne une chance d’être reconnu par le public et par ses pairs…
Les tatoueurs expérimentés avouent eux-mêmes continuer d’apprendre après dix ou vingt ans de pratique !.
Tatouage Paris Kustom