Les questions liées aux tatouages sont assez fréquentes de la part des nouveaux ou futurs tatoués. Vous trouverez ici quelques réponses à ces sujets existentiels….
Les méthodes de détatouage :
Le détatouage est contemporain du tatouage. Aucune technique n’est parfaite. Le succés tient parfois au côté magique de l’acte vécu comme une forme de purification ou de délivrance. De nombreuses recettes empiriques faisant appel à des procédés caustiques ont ainsi traversé les âges. Elles font partie des traditions populaires transmises oralement de génération en génération. Une des plus vielles références de détatouage est sans doute le dialogue Socratique de Platon. Intitulé “le CRITON” dans lequel est donnée la recette suivante : “enduire de nitre le symbolum recouvrir avec de la résine de térébenthine. Au bout de six jours laver, frotter avec du sel fin puis appliquer avec un mélange d’encens et de nitre”.
Le trempage :
II consiste à mettre en contact pendant des heures le tatouage avec de l’eau de mer. Le principe de cette méthode repose sur l’attraction osmotique crée entre le milieu hypertonique des tissus cutanés. La lenteur et l’aspect aléatoire des résultats ont fait reculer la méthode.
Destruction thermique :
De tout temps les tatouages ont été détruits par la chaleur. Selon les époques il s’est agi de cautérisation à l’aide de charbon ardent, de fer rouge, de cigarette, voire même de fer à souder. Les douleurs et les cicatrices entraînées par cette méthode rustique ont fait que cette méthode est de moins en moins utilisée.
Bistouri électrique et le thermocautère.
Le détatouage au bistouri électrique ou du thermocautère se réalise sous anesthésie locale. Il y a une fulguration sur la zone tatouée qui créera une escarre qui s’éliminera quelques jours plus tard. Les cicatrices restent visibles mais sont acceptables. L’inconvénient principal est de laisser une image plus claire du tatouage (image fantôme).
Le photo coagulateur à infra-rouges.
Toujours sous anesthésie locale, la sonde infra-rouge est appliquée au contact du tatouage. Elle entraîne une coagulation des protéines de l’épiderme et leur élimination ultérieure. Par applications répétées à plusieurs jours d’intervalle on peut aboutir à un détatouage. Cependant les résultats sont souvent imparfaits par la persistance de zones tatouées et cette méthode s’adresse aux tatouages très superficiels.
Cryothérapie et cryochirurgie.
Le détatouage par le froid est utilisé depuis de nombreuses années. Le clivage crée par la gelure à l’azote liquide en application au coton est souvent trop superficiel pour obtenir un résultat satisfaisant. La cryochirurgie réalisée à l’aide d’un pulvérisateur à azote liquide est trop agressive et donne des cicatrices très inesthétiques.
La salabrasion :
L’utilisation du sel (chlorure de sodium) pour la destruction du tatouage remonte à AETIUS en 543 avant Jésus-Christ. Après anesthésie locale, on frotte du sel de cuisine sur le tatouage au moyen d’un tampon de compresses. Ce geste s’arrête quand la zone devient très rouge mais non hémorragique, ce qui dans ce cas augmenterait le risque cicatriciel.
Un rinçage abondant doit être réalisé un pansement sec est appliqué et changé quotidiennement. Les résultats sont intéressants Le principe de l’utilisation du sel hormis l’effet mécanique de ses cristaux est de provoquer la fuite du colorant dans le milieu extra-cellulaire par mécanisme de transport osmotique. Ce pigment mobilisé est évacué dans les pansements ainsi que dans la circulation lymphatique.
C’est une méthode de choix dans les grands tatouages par des professionnels. Elle est souvent insuffisante pour les tatouages d’amateurs volontiers plus profonds. La dermabrasion suivie d’une application de sel de cuisine reprend le principe du transport osmotique mais attribue la fonction abrasive à la meule diamantée.
La destruction chimique :
Détatouage au permanganate de potassium
II nécessite une dermabrasion initiale, après une dermabrasion légère l’opérateur saupoudre la région orientée de paillettes de permanganate de potassium, rince abondamment au sérum physiologique et applique une compresse d’hyposulfite de sodium à saturation. Le pansement est changé tous les jours. On peut aussi utiliser après la dermabrasion du permanganate de potassium en solution à saturation pendant quelques minutes, cette variante est moins douloureuse.
Détatouage à l’acide trichloracétique
Après dermabrasion légère l’opération tamponne la zone érodée avec une solution d’acide trichloracétique à 33% ce qui provoque une nécrose immédiate de la zone badigeonnée Un abondant rinçage au sérum physiologique est aussitôt pratiqué, l’escarre se constitue et tombe en quinze jours.
Détatouage au tannin
Dans la description originale il s’agit d’un repiquage du tatouage avec une solution de tannin, complété par une application de nitrate d’argent sous forme de crayon. Une escarre se forme en une quinzaine de jours et entraîne dans sa chute une partie du tatouage.
Une autre méthode consiste, après une légère dermabrasion, en une application d’une solution formé d’un 1/2 d’acide tannique, 1/4 eau distillée, 1/4 glycérine, avec, après rinçage, un crayonnage au nitrate d’argent. L’escarre formée chute au quinzième jour.
Le détatouage chimique est efficace quand il complète une dermabrasion, les cicatrices sont acceptables et la meilleure indication est le détatouage des grandes surfaces et profond.La Dermabrasion : C’est la méthode très utilisée actuellement. Elle est souvent complétée de détatouage chimique (permanganate de potassium, tannin, nitrate d’argent, acide trichloracétique ou salabrasion au chlorure de sodium).
Le détatouage manuel à la toile émeri est abandonné.
Après anesthésie locale, et durcissement des tissus par pulvérisation de produits anesthésiques réfrigérants (chlorure d’éthyle, cryoflurane R). L’abrasion de la zone tatouée se fait par meule diamantée ou au rubis tournant à 20 ou 30.000 tours minutes. Le saignement en nappe est contrôlé par des compresses imbibées au sérum physiologique Un pansement gras, ou un opsite R est appliqué à la fin du geste. C’est par réfrigérations et dermabrasions successives que l’on vient à bout des grands tatouages. La dermabrasion du front et des membres ne pose pas de problèmes particuliers, par contre celle au visage au niveau de la région orbitaire et labiale nécessite une grande prudence.
La Chirurgie d’exérèse
L’ablation chirurgicale de la peau tatouée est une méthode de détatouage très utilisée. Elle offre l’avantage incontestable de ne laisser aucune tache pigmentaire car le tatouage est retiré sous contrôle de la vue. Elle laisse néanmoins des séquelles cicatricielles.
L’exérèse fusiforme suture est ainsi la méthode de choix. Elle enlève la peau en totalité quand la taille réduite et la forme du tatouage l’autorisent. La fermeture peut se faire par suture simple, suture assistée ou lambeau.
Le détatouage au dermatome
Le dermatome, ou rasoir de LAGROT est un appareil qui permet de prélever des greffe de peau de différentes profondeur allant de la greffe mince jusqu’à la peau totale. Il autorise des largeurs de 9cm à 12cm. C’est la technique idéale pour les tatouages étendus, en cas de profondeur importante. Il faut faire plusieurs séances et la cicatrice se fait comme pour un prélèvement de greffe. Parfois lorsque l’on veut faire une séance unique pour un tatouage profond, le recouvrement se fait par une greffe de peau mince. L’anesthésie est soit locale soit générale.
Le détatouage au punch
Le Punch ou bistouri circulaire permet par un double mouvement de pression rotation de couper une pastille cutanée. La fermeture est donc réalisée par un seul point de suture. Cette technique est ainsi idéale niveau des mains et des doigts.
Le détatouage au laser
Le laser est un instrument d’utilisation récente qui a pris une place dans le traitement du détatouage. Il s’agit d’un rayon lumineux qui délivre une quantité d’énergie très importante au millimètre carré, entraînant une vaporisation instantanée de l’eau des milieux intra et extracellulaires présents dans les tissus visés. (Laser à l’Argon- laser CO2 ). Actuellement les nouveaux lasers ultrapulsés basés sur le principe de photothermolyse sélective ou lasers pigmentaires font disparaître les tatouages pratiquement sans trace.
Dés l’absorption de l’énergie optique par le tatouage, il y a fragmentation et explosion du pigment, lequel est absorbé puis digéré par les macrophages en six semaines environ, délai nécessaire entre chaque séance. Le temps d’émission est si bref que l’énergie laser traverse la peau sans avoir le temps de créer des dégâts thermiques. Elle atteint le tatouage cible élective du rayon laser et le volatilise tant par effet photothermique que photoacoustique puisque l’énergie émise est énorme. Le résultat est fonction de la couleur du tatouage.
Les tatouages amateurs (bleu-noir) réagissent mieux que les tatouages professionnels polychromes. Par ailleurs les plus superficiels disparaissent sans aucune séquelle. La taille n’a aucune importance, ce qui change considérablement le devenir des grands tatouages, mais il faut plusieurs passages trois à six pour faire disparaître toute l’encre. Les principaux lasers sont : Q. SWITCHED ruby permet de traiter les tatouages amateurs bleu-noir et les tatouages colorés sauf les rouges et les orangés. Le Q.SWITCHEF N.D.YAG, aussi efficace sur les tatouages bleu-noir que sur les tatouages rouges.
Les méthodes palliatives
Parfois les tatouages sont impossibles à enlever (visage-paupières) car la sanction cicatricielle serait grave surtout pour les tatouages étendus. Parfois on peut utiliser un maquillage type cover-mark R ou base couvrante Kefrane R qui masquera le tatouage mais qui nécessitera une séance quotidienne.
Les complications du détatouage :
Elles sont en général de deux ordres, les résultats insuffisants, les complications cicatricielles.
L’insuffisance de résection est essentiellement due au siège anatomique car au niveau de la face le pronostic esthétique limite l’agressivité du détatouage. Par ailleurs la profondeurs l’étendue du tatouage explique les résultats insuffisants mêmes après plusieurs séances.
Des complications au geste du détatouage peuvent survenir, lâchage de suture, infection, hémorragie, mauvaise prise de greffe ou non prise de greffe, rétractions cutanées, brides, synéchies destruction anatomiques (paupières, aile narinaires etc….).
Les cicatrices disgracieuses, dyschromiques, hypertrophiques, et chéloïdes sont le lot du détatouage. Ces résultats imparfaits doivent être bien expliqués au patient car sont souvent définitifs. Le consentement éclairé est un préliminaire indispensable à tout détatouage. Il faudra éliminer les idées préconçues et les informations médiatiques sur le “gommage” des tatouages. Les techniques seront donc expliquées au patient avec toutes ses complications.
L’information comprise est donc meilleure garante de contentement qu’une technique d’exérèse parfaite. Mais mal préjugée par un patient non informé. Il faut savoir que le détatouage est considéré comme de la chirurgie esthétique. Il n’ouvre pas droit au congé de maladie. Quant aux remboursement des frais, ils sont rarement effectués autrement qu’après demande d’entente préalable avec le médecin conseil des caisses de sécurité sociale.
CONCLUSION
Fresque mouvante, naïve et provocatrice le tatouage est un objet unique, sa pratique vénérée par telle ethnie et bannie par d’autres, de nombreuses religions la désavouent. Le tatouage reste donc, que se soit dans sa structure même, ou dans ses implications, psychologiques, un monde pléxiforme et secret qui déroute plus d’un investigateur. Le tatoué dans le désarroi de sa crise d’identité, trouvera dans le tatouage un remède cathartique transitoire. Mais dont la trace restera le témoin desactualisé et vide de son sens que rien ne pourra totalement effacer. Le détatouage apparaissant comme une véritable contradiction. Voulant notamment ôter à tout prix ce qui a été fait pour être inamovible.