Les questions liées aux tatouages sont assez fréquentes de la part des nouveaux ou futurs tatoués.
Vous trouverez ici quelques réponses à ces sujets existentiels….
TATOUAGES ET DETATOUAGE HISTORIQUE
Professeur S. JOUCDAR Service de Chirurgie Plastique et des Brûlés – E.H.S de Douéra – ALGERIE
INTRODUCTION
L’origine du mot tatouage serait l’océanie. C’est en effet le capitaine COOK, à la fin du XVIII ème siècle, qui rapporte, lors de ses voyages en Polynésie, le terme de tatouage (TATTOO) = dérivé de la racine “ta” qui signifie “dessin inscrit dans la peau” et “Atoua”, qui signifie “esprit”. Dès l’origine, la peau et l’âme sont liés.
Les différents dictionnaires définissent le tatouage comme l’ensemble des moyens par lesquels des matières colorantes minérales ou végétales sont introduites sous l’épiderme et à des profondeurs variables à l’effet de produire une coloration ou des dessins apparents de longue durée quoique non absolument indélébiles. Ces précisions éliminent la scarification, qui, pourtant relève d’une même démarche. La différence entre les deux procédés réside dans la couleur de la peau. La scarification (TACHRIT) utilisée couramment en médecine traditionnelle est une ou plusieurs incisions aboutissant à une cicatrice en creux ou en relief qui sculpte la peau foncée. Le tatouage joue les contrastes sur la peau claire. Apparenté à une expression graphique, originale de par son support particulier, le tatouage est gravé sur et dans la peau. Ce second caractère, l’indélébilité, est donc le prix ou la charge. De nos jours la tatouage est considéré comme une technique d’ornementation corporelle pouvant revêtir des significations multiples.
HISTORIQUE
Bien qu’il soit difficile de déterminer avec précision les premiers tatouages. Certaines fresques retrouvées dans les grottes habitées du néolithique représentaient des humains surchargés de striures, mais s’agissait-il de peintures corporelles ou de tatouages. Les tatouages les plus anciens sont probablement ceux retrouvés sur les peintures rupestres du TASSILI (sud Algérien) reproduisant des femmes tatouées sur le thorax par des lignes pointillées convergeant vers les aréoles mammaires. Les momies égyptiennes datées de la XI ème dynastie (2065- 1785 avant J.C) lors de leurs mise à jour révélèrent de nombreux tatouages essentiellement chez les danseuses, les prêtresses et les musiciennes. Les Scythes, les Romains, comme les Grec furent de grands utilisateurs du tatouage, le marquage des prisonniers et des esclaves en étant la principale motivation.
Les autres civilisations, comme celle des MASAS pré-colombiens le tatouage du haut du corps se pratiqua couramment comme en témoignent les statuettes précolombiennes où figurent des tatouages linéaires situées sur la face postérieure des jambes, le cou et les deux bras. En Chine et au Japon le tatouage devint un art et devint florissant entre le VII et le XIX siècle. Avec les expéditions de MAGELLAN et des voyages du capitaine COOK, le tatouage pénétra en Europe et devint universellement connu. Parmi les tatoués célèbres on signale Pierre le grand de Russie (1672- 1725) avec une hachette sur la poitrine. Staline (1879- 1953) portait une tête de mort sur la poitrine. En Allemagne le Kaiser Frédéric III ( 1831-1888) était tatoué. WINSTON-Churchill (1874- 1965) portait une ancre de marine tatouée sur le bras gauche. Aux Etats-Unis plusieurs présidents portaient des tatouages. Théodore Roosevelt (1858- 1919) Franklin Delano Roosevelt (1882- 1945) portait un écusson familial, ainsi que Truman (1884-1972) et de J.F Kennedy (1917- 1963). La conférence de YALTA en novembre 1945 était donc une affaire de tatoués (Staline- Roosevelt- Churchill).
En Algérie “La fleur de lys” est le tatouage le plus répandu et le plus généralement adopté par les Nord-africains des deux sexes, ornemental et faisant partie de la médecine traditionnelle, le tatouage était très répandu surtout dans le sud. La fleur de lys, la mouche, la croix, et le point sont les modèles les plus répandus. Les Beni-Douala qui passaient à l’époque pour avoir les plus beaux tatouages se reconnaissaient aux deux points qu’ils se faisaient piquer sur les mollets. En général les individus d’une même tribu en contact perpétuel et ayant les mêmes habitudes et les mêmes goût se tatouaient de la même façon et à l’usage le tatouage distinguait une tribu d’une autre.
Les différents types de tatouages
En Radiothérapie :
La radiothérapie nécessite plusieurs séances espacées de plusieurs mois. La zone irradiée doit être limitée de manière très précise, et les marquages habituels (crayon démographique) n’apportent pas une précision suffisante et l’effacement à terme de ces marques lui font préférer le tatouage. La zone exposée (champ d’irradiation) est en effet délimitée par des points tatoués de couleur bleue de petite taille mais facilement repérables d’une séance à l’autre par la radiothérapie. Ceci permet une irradiation utile précise et efficace. Un fois le traitement complètement terminé, le patient considéré comme guéri, ces tatouages peuvent êtres ôtés.
En Chirurgie Plastique :
Le tatouage est un adjuvant dans les différentes thérapeutiques en chirurgie plastique. Dans la reconstruction des cils et des sourcils par les tatouages dans les zones déficitaires des cils et des sourcils. Dans les meurs malignes) le tatouage est proposé dans le cadre d’un “eye-liner” permanent. Dans la reconstruction du sein par lambeau avec ou sans prothèse après amputation pour cancer, le tatouage est un élément déterminant dans la reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire. Grâce à une palette de couleurs adaptées, le tatoueur recrée de toute pièce une aréole controlatérale parfaitement symétrique. Cette technique est aussi utilisée dans le traitement des séquelles dyschromiques de brûlures. Les lésions achromiques qui se présentent comme des plaques de pseudo-vitiligo, surtout au niveau des doigts, mains et face bénéficient d’un tatouage de couleur identique aux téguments adjacents qui permets de masquer définitivement la région dyschromique.
Les tatouages accidentels :
Ils ne sont pas exceptionnels et surviennent dans des circonstances variées. Le plus fréquent est celui de la voie publique accident des deux roues, projection à travers un pare-brise et frottement sur la chaussée avec inclusions de particules de bitume. Celles-ci doivent être impérativement enlevées lors du parage de la plaie, sinon après la cicatrisation leur ablation devient plus difficile. Une autre cause est celle liée aux explosifs, inclusion de poudre noire ou de particules diverses (éclats, graviers, goudron…). Parmi les tatouages accidentels plus rares, au niveau des points d’acupuncture par dépôt d’argent lors de l’implantation d’aiguille, au niveau des mains par des fausses manœuvres telles que le raffûtage sur meule de pierre, ou l’injection sous cutanée de peinture par un pistolet utilisé.